Arc : cession partielle de Salviati, dont la verrerie de Murano

Venise8ac001refletstmarcLe groupe Arc International, leader mondial des arts de la table, a annoncé mercredi 28 novembre la cession partielle des activités de Salviati, dont sa verrerie de Murano, à l’entreprise JL Coquet-Jaune de Chrome et au designer Pierre Rohatyn.

Située dans la lagune de Venise, l’île de Murano est célèbre depuis des siècles pour ses ateliers de verre, lesquels sont néanmoins frappés de plein fouet par concurrence et contrefaçon.

« Le périmètre de la vente regroupe la marque Salviati, les fonds de commerce décoration et la clientèle bijoux », a précisé une porte-parole du groupe, ajoutant qu’il allait désormais chercher à céder les magasins « bijoux ».

« Parmi les plus prestigieuses marques de verre de Murano, Salviati, créée en 1859, regroupe deux activités principales, la décoration et les bijoux », ajoute Arc dans un communiqué, qui ne précise pas le montant de la transaction. « Le niveau d’investissement nécessaire au bon développement de ces activités était trop important pour être supporté par la groupe (Arc International, ndlr) alors qu’elles ne sont plus au centre de ses priorités », explique le communiqué, qui rappelle qu’Arc avait annoncé la vente de Salviati en juin dernier.

Groupe à l’actionnariat familial originaire d’Arques (Pas-de-Calais), Arc, qui emploie 16 500 personnes dans le monde, a réalisé un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros en 2006. L’entreprise JL Coque-Jaune de Chrome, basée à Limoges et spécialisée dans la vaisselle et la décoration haut de gamme, emploie cent personnes, et a réalisé un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros en 2006.

Pour rappel, Murano est une petite île accolée à Venise où l’on travaille le verre depuis 1291, année où le Doge ordonna le transfert des ateliers de la Sérénissime, suite à de nombreux et graves incendies dans la ville. Si la conquête austro-hongroise a mis fin à la domination de la cité au XVIIIème siècle, imposant le cristal de Bohème, les verriers de Murano ont reconquis leur place après la guerre dans les années 1920 sous l’impulsion de quelques maîtres artisans: Fluvio Bianconi Ercole Barovier, Carlo Carpa, Dino Martens, Aureliano Tosco, Paolo Venini dont les signatures sont aujourd’hui particulièrement recherchées.

Laissant libre cours à leur fantaisie, ces verriers ont créé des milliers de vases, coupes, flacons, plats aux formes épurées, aux couleurs brillantes, aux filigranes sophistiqués, la plupart en pièces uniques, déclinées en dizaines de coloris et parfois en plusieurs tailles. Ce sont ces pièces que les amateurs, surtout Américains, Japonais, Italiens, Suisses et depuis peu Français apprécient le plus. Depuis les années 1970, par manque de renouveau artistique, la verrerie de haut de gamme de Murano a décliné, estimait récemment Jérôme Stern de la Tribune, même si certains créateurs actuels (Tagliapetra ou Ohira) travaillent dans les ateliers leurs oeuvres contemporaines, loin toutefois de ce que produisaient les anciens.

Mais de toujours la contrefaçon a constitué un sérieux danger pour les verreries de Murano. Dès la première heure, le savoir-faire des verriers de l’île suscitait de nombreuses convoitises de la part des autres pays européens. C’est pourquoi, dès 1275, le sénat vénitien interdisait l’exportation du verre brut ainsi que des matières qui servaient à le composer, mais également celle du verre cassé, de peur que l’étranger, en l’analysant, ne surprît le procédé des gens de Murano. Lorsque Louis XIV, au XVIIe siècle, finit par réussir à débaucher quelques verriers de Murano pour les amener en France, le Conseil des Dix de la République de Venise alla jusqu’à payer des agents pour tuer les ouvriers déserteurs qui refuseraient de rentrer à Murano.

Aujourd’hui, une nouvelle menace pèse sur l’image de marque à Murano : il s’agit de la copie chinoise et autres contrefaçons qui pourraient bien arriver à bout de l’excellence et de la création. En février dernier, le journal « Le Monde » rapportait que les célèbres verreries qui emploient 830 personnes répartis dans 87 sociétés pour un chiffre d’affaires global de 157 millions d’euros en 2006, était menacé par la contrefaçon et la concurrence déloyale, selon des responsables d’une association.

Sources : AFP, La Tribune

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