Après le succès rencontré l’an dernier lors d’une première vente de fossiles, Christie’s « récidive ». Quelque 150 pièces d’histoire naturelle seront ainsi mises en vente le 16 avril prochain.
Un crâne de tigre à dents de sabre, une dent de requin géant, figurent notamment au catalogue.
Mais la star de la vente sera un squelette de triceratops, un dinosaure de 7,50 mètres de long à collerette osseuse et portant trois cornes sur la tête. Cerise sur le gâteau, notre « vedette » a été immortalisée dans « Jurassic Park » de Steven Spielberg. Il est estimé autour de 500.000 euros.
Sont également proposés, un oeuf de titanosaure minéralisé en agate (estimation : 20.000-25.000 euros), une dent de reptile marin Plésiosaure datée de 110 millions d’années, un humérus de brachiosauridé de 2 mètres de haut, de l’ère Jurassique (150 millions d’années avant notre ère), estimé 25.000-30.000 euros et un crâne de tigre à dent de sabre (35.000-45.000).
Dans la catégorie fossiles, la vente propose des plaques de poissons ou de coquilles Saint-Jacques géantes, un poisson voilier estimé 100.000-120.000 ou un brochet de mer estimé 90.000-100.000.
La collection d’un musée privé allemand propose un crâne d’Edmontosaurus, dinosaure à bec de canard qui pouvait mesurer jusqu’à 13 mètres (70.000-80.000).
La vente propose également une pièce d’or natif sur quartz (8.500-9.500), un oeuf d’Aepyornis, le plus gros oeuf d’oiseau – disparu – du monde (25.000-30.000) et une feuille de cuivre natif pesant 400 kilos (30.000-35.000).
Le tricératops est exposé au 9 avenue Matignon (VIIIe), à partir du 5 mars, le reste sur 12 au 15 avril.
Une vente similaire avait été organisée en avril 2007 par Christie’s, totalisant 900.000 euros. Des scientifiques avaient exprimé leur réserve, s’interrogeant sur la valeur scientifique réelle des objets proposés ou l’appât du gain que de telles ventes pouvaient provoquer.
« Il existe un grand nombre de fossiles sans intérêt », avait alors indiqué le paléontologue Philippe Janvier, du Muséum national d’histoire naturelle. « Le problème, c’est que des pièces extrêmement importantes, aptes à faire progresser la science, peuvent toujours se trouver dans les lots ».
Jean Le Loeuff, directeur du musée des dinosaures Dinosauria, à Espéraza (Aude), reconnaissait quant à lui que la vente de fossiles le « gênait », notant alors qu’aucune législation n’encadrait ce commerce en France. « Les musées eux-mêmes en achètent depuis des siècles », ajoutait le spécialiste de ce groupe d’animaux extrêmement prisés par les amateurs de fossiles. « Tout dépend du fossile et de son expertise pour savoir si telle ou telle pièce mérite d’être acquise par l’Etat ».
Pour sa part, le paléoanthropologue Martin Pickford, du Collège de France, trouve ce commerce « totalement inacceptable » car, selon lui, « il encourage les gens à abîmer » un patrimoine scientifique. « L’appât du gain », déplore le chercheur, « les pousse à prélever des fossiles sans se soucier le moins du monde de leur contexte géologique et à effacer ainsi de précieuses informations complémentaires. En revanche, ceux qui contribuent à une découverte importante devraient toujours être récompensés », précise-t-il.
En tout état de cause, ces objets génèrent un véritable marché, surtout aux Etats-Unis et au Japon, dans des foires ou des salles de ventes. En France, où le marché démarre à peine, un squelette de mammouth a été adjugé 180.000 euros en juin 2006 et un crâne de spinosaure 98.000 euros en 2005.
Sources : AFP, Reuters