Pinault : sur-performance dans le luxe pour PPR prévue en 2008

Pinaultpatronppr2226977_224Plus blanc que blanc disait Coluche, « version luxe » du marché du luxe répond en écho François Pinault.

Lequel table pour son groupe PPR sur une croissance supérieure à celle prévue pour le marché mondial du luxe qu’il anticipe à une valeur proche de 7%.

Le groupe français PPR a fait savoir, mercredi 9 janvier, qu’il mise sur une progression « significative » de ses résultats en 2007. Pour cette année, il se dit confiant, malgré le ralentissement de la croissance américaine.

Réaliste, visionnaire ou utopiste François Pinault ? Face à la flambée de l’euro par rapport au dollar, la plupart des groupes de luxe européens craignent désormais que leurs perspectives de croissance ne soient freinées par un tel phénomène. Certains experts estiment même que les maisons pourraient avoir recours à la délocalisation.

« En 2008, nous améliorerons encore nos performances », a assuré le patron du groupe de distribution et de luxe, François-Henri Pinault. « Le ralentissement de l’économie américaine aura un impact, mais qui ne remet pas en cause les perspectives d’amélioration des performances du groupe ».

Pour 2007, le P-DG a confirmé une amélioration « significative » de ses résultats par rapport à l’année précédente. Il attend pour 2008 une surperformance du groupe dans le secteur du luxe.  »

Interrogé sur Clarins, lorgné selon la presse par PPR, François-Henri Pinault a répondu: « s’il y avait eu quelque chose, nous aurions communiqué. Si l’AMF (Autorité des marchés financiers) ne nous a rien demandé, c’est que cela n’était pas nécessaire ».

Pourtant, les experts du secteur estiment que la conjoncture économique mondiale devrait se dégrader en 2008, pronostiquant également une flambée de l’euro face au dollar. “Dans ces conditions, ces groupes vont devoir prendre des décisions rapides pour les années à venir« , juge Frank Benedic, analyste du cabinet Precepta. « Sinon, ils devront rogner leurs marges« .

Le gérant du groupe de luxe français Hermès, Patrick Thomas, a plaidé en novembre dernier pour la mise en place par les autorités européennes de « mesures » face à la flambée de l’euro, qui pèse sur le secteur, tout en assurant que son groupe n’envisageait pas de délocalisation.

L’impact de l’euro fort « sur le résultat d’Hermès de l’année est considérable« , a-t-il ainsi déclaré sur la radio BFM. « Il n’y a pas de doute que cette évolution de l’euro, si elle continuait, finirait par avoir un impact sur le développement de notre secteur de l’économie« , a-t-il ajouté, rappelant que cela était déjà le cas au Japon depuis deux ans, à cause de la faiblesse du yen. « 

Essentiellement français et italiens, les maroquiniers, joaillers, parfumeurs et couturiers haut de gamme réalisent la quasi-totalité de leur production dans la zone euro. Près de 60% sont ensuite exportés et vendus aux quatre coins du monde, en particulier aux Etats-Unis et au Japon, les deux principaux marchés.

Cette organisation pénalise doublement ces maisons de luxe : sur les marchés étrangers, où leurs produits sont relativement plus chers, et sur les marchés européens, où le pouvoir d’achat des touristes américains et japonais, friands d’articles de luxe « made in France » ou « in Italy », est érodé.

L’euro fort engloutit déjà une bonne partie de la croissance du marché du luxe. Le cabinet américain Bain estime que celui-ci devrait avoir progressé de 7%-9% en 2007, mais que, sans l’envol de l’euro, il aurait crû de 10%-12%.

Dans ce contexte, la Société Générale attend un « ralentissement » de la croissance des groupes de luxe européens « Ã  partir du quatrième trimestre 2007 ».

Pour l’instant, leur santé n’est pas en péril. L’impact de l’euro fort a été limité par des systèmes de « couverture » du risque de change, mécanisme fort onéreux toutefois. Leurs ventes ont par ailleurs explosé au Moyen-Orient, en Asie et dans les pays de l’Est de l’Europe.

Pour contrer la hausse de l’euro, les groupes de luxe ont également augmenté massivement leurs prix. « De 30-40% sur la période 2005-2006 », indique Elisabeth Ponsolle des Portes, déléguée générale du Comité Colbert, représentant 70 maisons françaises. Mais cette politique a ses limites: « quand on augmente les prix, on perd un certain nombre de clients« , reconnaît Patrick Thomas, le gérant d’Hermès. « Nous sommes aujourd’hui à un moment critique où on ne peut aller au-delà car autrement, les prix deviendraient dissuasifs« , alerte Mme Ponsolle des Portes.

La réduction des dépenses marketing et d’investissements s’avérant dangereuse à long terme, les groupes tentent désormais de diminuer les coûts de fabrication, plus facile à ajuster. S’il y a cinq ans, le concept même des délocalisations était vue comme une hérésie qui risquait de tuer les marques, et de ternir leur image, aujourd’hui, les groupes jouent un jeu différent. Certains allant jusqu’à affirmer qu’ avec la “démocratisation” du luxe, la clientèle est différente, moins sensible au lieu de fabrication.

Sources : Reuters, AFP, L’Expansion

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