Le classement des grands crus de Saint-Emilion 2006 a été annulé mardi par le tribunal administratif de Bordeaux.
Dans la décision, les juges administratifs ont considéré que la commission, qui révise ce classement tous les dix ans depuis sa création en 1954, avait « méconnu le principe d’égalité de traitement entre les candidats ».
Selon les explications données par Me Philippe Magret, l’un des avocats des propriétés classées, la commission avait ainsi procédé « à une dégustation en trois étapes : ceux qui étaient en grand
cru A et B afin d’établir un niveau de référence, puis les candidats non classés et enfin ceux qui demandaient leur promotion ou leur maintien en premier grand cru classé ».
« Cela signifie qu’il n’y a plus de grands crus classés de saint-émilion à partir du millésime 2006, car le jugement précise par ailleurs que le classement antérieur de 1995 est caduc », a expliqué Me Thévenin, l’avocat de quatre des huit châteaux qui avaient entamé la procédure.
Lors de l’audience du 25 mars dernier, le commissaire du gouvernement avait indiqué que ce dossier constituait un véritable « imbroglio administratif » demandant le rejet de la requête des huit
propriétés déclassées, qui demandaient l’annulation du classement.
« C’est une vraie difficulté, dont nous espérons qu’elle ne sera que passagère. Nous attendons la réaction des ministères de l’Agriculture et de l’Economie, qui ont signé l’arrêté de classement annulé, et notamment de savoir s’ils vont faire appel », a commenté Nadine Couraud, la directrice du Syndicat Viticole de Saint-Emilion. « Nous regrettons que ce bien collectif qu’est le classement soit mis à mal temporairement ».
La difficulté est réelle pour les propriétaires de grands crus classés qui doivent mettre actuellement en bouteilles leur millésime 2006. « Ils n’ont plus le droit d’utiliser la mention grand cru classé sur leurs étiquettes », a indiqué Me Thévenin. « Peut-être va-t-il y avoir un décret ministériel pour rétablir un classement et permettre de passer cette situation de crise, mais pour l’instant, on ne sait pas ce que sera demain », a admis Nadine Couraud.
Soixante et une propriétés de l’appellation Saint Emilion avaient été distinguées dans la mouture 2006 du prestigieux classement, 15 comme premiers grands crus classés et 46 comme grands crus classés tandis que 34 châteaux candidats n’avaient pas été retenus.