Le Perfecto, indétrônable à 80 ans !

Vêtement intemporel des motards et des stars du rock, le blouson de cuir à fermeture croisée a été maintes fois revisité par les plus grands couturiers. Pourtant, sur son cuir tanné par le temps, il n’a pas pris un pli ! 80 ans plus tard, la rétrospective du Perf’ comme les fans l’appellent, méritait d’être faite.

Blouson officiel des jeunes motards, le cuir est comme une armure… A l’époque déjà, les « bad boys » le portaient pour se protéger des lames de rasoirs, des coups de couteau ou des chutes éventuels sur leur bécane. Certes un vêtement fonctionnel et solide dont le premier blouson de moto fut réalisé par « Beck Distributors » alors distributeurs officiels de Harley-Davidson à Long Island (New York). Jusqu’à ce qu’en 1928, un motard passionné, Irving Schott, crée avec son frère, le premier blouson en cuir à zips : Le Perfecto du même nom que ses cigares cubains préférés. Le succès est vite au rendez-vous ! Mais en temps de guerre, il est rapidement stoppé. Les frères Schott misent désormais sur les forces armées américaines et leur production de vêtements de cuir y participe.

Les années passent, le cuir revient et c’est en 1953 que le mythe du Perfecto né enfin avec l’image de rebelle incarnée au grand écran par Marlon Brando. Dans ce film culte, « The Wild Ones » traduit en français par « l’Équipée sauvage », l’acteur joue un motard, un caïd romantique portant un Perfecto modèle One Star avec une étoile sur chaque épaule et cela fait toute la différence. L’image initiale renaît alors et reprend rapidement son statut mythique ! Après Brando et James Dean, Elvis Presley ou bien encore, Vince Taylor, la popularité croissante du blouson de légende a inexorablement entraîné la baisse des ventes Outre-Atlantique. Ternie par l’image de « voyous » et non plus de rebelles, juste avant d’être porté par un tout autre corps de métier, celui de la police américaine… Fort heureusement, le Perfecto arrive enfin en Europe aux prémices des années 60.

Ses premiers pas en Europe… fragiles mais déterminés !

Ses débuts sur le continent européen restent fragiles, l’image du « voyou » persiste. De là, le courant punk et ses groupes tels que Sex Pistols ou The Ramones s’en s’emparent et le blouson revient très vite à la mode. Certes un Perfecto de nouveau, associé aux mauvais garçons mais aussi et en particulier, aux stars du Rock n’roll : Lou Reed et Johnny dans les années 70 et 80. A l’inverse, la décennie suivante, le perf’ perd aussi son influence pour redevenir plus sage, plus populaire… Nous n’avions plus besoin de faire partie d’une bande ou de conduire une Harley Davidson pour porter un cuir noir ! Alors aujourd’hui ? Le fameux blouson zippé, qu’est-il vraiment devenu ?

Sur le long terme, personne ne pouvait prévoir son impact sur l’industrie de la mode et pourtant, le succès a perduré et cela même, chez les consommateurs de tous horizons. Des icônes fidèles au Perfecto telles que le Père Guy Gilbert ou Renaud en passant par la créatrice, Vivienne Westwood, qui l’ont d’abord détourné dans un esprit de rébellion. Repris de la même façon par les couturiers Yves Saint Laurent, Givenchy, Gucci, Issey Miyake et bien d’autres, qui lui ont redonné une seconde peau en rendant les « bad boys », plus fashionables. Une réédition audacieuse de la version originale, plutôt réussie !

Et dire que le Perfecto a traversé les décennies et a su résister à toutes les tendances… Et même si, son symbole initial a quelque peu perdu de sa valeur, le blouson à fermeture croisée, incarne toujours un véritable état d’esprit pour celui qui le porte. Vu son grand âge, le Perfecto version 2009 va devenir aussi immortel que le talent de ses créateurs !

Crédits photos www.hot-schott.com