Les principaux tour-opérateurs français spécialisés dans le tourisme d’aventure, Voyageurs du Monde, Allibert et Club Aventure, ont décidé mercredi de maintenir leurs circuits dans le désert mauritanien, malgré l’attaque contre des touristes.
Un groupe de cinq ressortissants français s’est fait attaquer lundi près d’Aleg (250 km à l’est de Nouakchott) par un groupe d’hommes armés. Quatre des touristes, qui se déplaçaient seuls en 4X4, sans avoir eu recours à un tour-opérateur, ont été tués. La France est « en train de réévaluer » le risque que représente un déplacement en Mauritanie après le meurtre lundi de quatre touristes français près d’Aleg, dans le sud du pays, a néanmoins annoncé mercredi le ministère des Affaires étrangères.
« En l’absence d’avis défavorable du Quai d’Orsay, nous maintenons les départs, car nous considérons que l’attaque était un acte isolé », a déclaré Michel Vibert, directeur d’Allibert, à l’issue d’une réunion téléphonique des trois voyagistes. « Aleg est très loin de nos zones de trekking, à plus de 500 km. Il n’y a pas de risques particuliers dans les régions où nous allons, pas plus qu’avant, mais il n’y a pas de risque zéro », a observé M. Vibert. Les voyagistes français acheminent généralement leurs clients dans la région d’Atar, pour des circuits (trekking, randonnées chamelières, périples en 4X4) dans le massif de l’Adrar et le désert de Chinguetti dans le centre du pays (350 km à l’est de Nouakchott).
« Nos groupes se déplacent toujours avec des guides, des chameliers et des cuisiniers. Nous ne renforçons pas les mesures de sécurité, mais nous avons demandé à nos équipes locales d’être plus vigilantes », a poursuivi M. Vibert. « L’incident a affecté des touristes isolés, qui ont organisé leur périple eux-mêmes, ce qui est fortement déconseillé, surtout dans des zones sahariennes et arides« , a fait valoir Lionel Habasque, directeur général de Voyageurs du Monde. « Nous avons rassuré des clients inquiets qui nous ont appelés, mais il n’y a pas eu d’annulations », a-t-il ajouté.
Les trois marques de Voyageurs du Monde spécialisées dans les voyages d’aventure (Terres d’Aventure, Nomade, Déserts) ont actuellement une centaine de clients en Mauritanie. « Nous allons depuis vingt ans dans la région d’Atar, il n’y a jamais eu aucun problème », a assuré de son côté Tanguy Dadon, directeur général du groupe Tourisport auquel appartient Club Aventure. Selon ses estimations, entre 3.000 et 4.000 touristes français se rendent chaque année dans le désert mauritanien: « Depuis dix ans, il y a un véritable engouement pour le désert ».
Selon les autorités mauritaniennes, deux des trois Mauritaniens en fuite au Sénégal après avoir tué lundi les quatre touristes français près d’Aleg (250 km au sud-est de Nouakchott) avaient été arrêtés en 2006 pour appartenance présumée au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, rebaptisé depuis Branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Baqmi).
Le 28 septembre, le Quai d’Orsay avait estimé qu’ »Ã la suite de la menace renouvelée le 19 septembre 2007 par Al-Qaïda à l’encontre des intérêts français au Maghreb, le risque d’attentat terroriste ne pouvait être écarté en Mauritanie ». Mais le ministère n’avait de nouveau déconseillé que « le quart nord-est du pays : zone désertique peu contrôlée » frontalière notamment de l’Algérie, ainsi que « la piste traversant sur 10 km le no-man’s land séparant le Sahara occidental de la Mauritanie », au nord. Il rappelait toutefois que la zone frontalière avec le Sahara occidental est minée, et qu’il est impératif de ne pas s’écarter de la piste officielle.