Le fabricant français de chaussures Repetto, l’un des deux candidats à la reprise du chausseur de luxe Charles Jourdan, en redressement judiciaire depuis septembre, a retiré son offre jeudi 29 novembre devant le tribunal de commerce de Romans.
La journée s’est conclue par un nouveau report de la décision, jusqu’au 7 décembre … et l’arrestation de Yann Bilquez, soupçonné de détournement, son fonds Finalux, propriétaire de Jourdan étant lui-même en liquidation…
L’ancien propriétaire « a rendu impossible la récupération de la marque et donc toute reprise de la société. Dans ces conditions, nous nous retirons du dossier », a déclaré Jean-Marc Gaucher, le Pdg de Repetto qui s’est dit « déçu » et « amer » à la sortie du tribunal. « C’est très dommage pour la marque, le personnel et le savoir-faire », a-t-il ajouté.
Pour rappel, Jean-Marc Gaucher avait conditionné son offre à l’assurance de pouvoir exploiter la marque hors de France. Une assurance que l’actuel propriétaire, le fonds Finaluxe, géré par Yann Bilquez, n’a pas pu lui fournir. « J’ai retiré mon offre à regret, car Charles Jourdan est une marque formidable, et j’aurais pu très vite utiliser sa capacité de production, à Romans, pour sous-traiter la fabrication de 30 000 paires de chaussures Repetto », déplore M. Gaucher.
Repris en octobre 2005 par la holding luxembourgeoise Finaluxe, Charles Jourdan connaît de grosses difficultés de trésorerie, avec une dette de plus de 2 millions d’euros. Aujourd’hui, les ateliers de la société, qui emploie 197 salariés, dont une soixantaine à la production à Romans, ne tournent que 15 à 17 heures par semaine, faute de peau.
Autre candidat en lice : la société américaine Omniscent (développeur de marques), dirigée par Lucien Lallouz, basé en Floride et associé à Kathy Hilton, ancienne propriétaire de la chaîne d’hôtels Hilton.. Ce dernier a également posé comme condition pour maintenir son offre de pouvoir « être propriétaire » de la marque. Mais ce projet se heurte à l’impossibilité de prouver que la marque Charles Jourdan appartient toujours hors de France à la société du même nom. Le tribunal s’est donné huit jours pour retrouver les titres de propriété de la marque que Finaluxe – Yann Bilquez affirme avoir « perdus ». Il a aussi enjoint Omniscent à verser 200 000 euros le 3 décembre, dans les caisses de Charles Jourdan, afin de payer les salariés. La société serait mise en liquidation si cette somme ne lui parvenait pas.
Mais quelques heures après l’audience, Yann Bilquez, soupçonné de détournement de fonds, était arrêté et incarcéré à Genève, son fonds Finalux étant lui-même en liquidation. « La police est en train de perquisitionner ses bureaux et son domicile genevois et mettra peut-être la main sur les titres que nous cherchons », espère Me Gérard Binet, avocat d’Omniscent en France.
Hallucinant …
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