Une fiction qui coûte cher à son auteure

Il ne fait pas bon d’être auteur de fiction sans le préciser de nos jours, surtout si l’histoire semble plus vraie que nature. C’est pourtant ce qui est arrivé Monique de Wael, plus communément appelée par son nom de plume, Misha Defonseca.

L’histoire est simple. En 1997, cette auteure belge immigrée au États-Unis décide de raconter dans son livre qui deviendra un best-seller l’histoire d’une petite fille rescapée de la Shoah qui, avec beaucoup de courage, parcourt des milliers de kilomètres n’ayant avec elle que la compagnie des loups. Durant son voyage parsemé d’embuches, elle ira même jusqu’à tuer un soldat allemand.

Cette histoire, tout le monde pensait que c’était la sienne : une autobiographie magnifiquement écrite avec l’aide de sa « plume » Vera Lee, portant le nom de « Survivre avec les loups ». Une adaptation cinématographie a même été faite. Mais tout changera au cours du procès qui suivra.

En effet, Misha Defonseca avait entamé une attaque en justice à l’encontre de sa maison d’édition car elle l’accusait d’avoir détourné ses droits d’auteur. La maison d’édition fût condamnée à verser à Mme Defonseca et à sa plume Vera Lee respectivement de 7,5 et 3,3 millions de dollars. Le montant des dommages avait ensuite été triplé, passant à 22,5 et 9,99 millions.

C’est après cette condamnation en 2008 que la maison d’édition avait fait sa petite enquête pour découvrir que le récit de l’auteure n’était en aucun cas une autobiographie mais une fiction pure et simple.

En effet, Misha Defonseca n’est pas juive mais catholique. Elle est née le 12 mai 1937 à Etterbeek en Belgique, et fût baptisée une semaine plus tard. Elle n’avait pas non plus quitté sa maison durant la guerre comme la petite fille de l’histoire.

Après délibération du jury, cette histoire-là va coûter cher à l’auteure puisqu’elle devra reverser 22,5 millions de dollars à son éditeur.

Comme l’a expliqué le juge Marc Kantrowitz chargé de l’affaire : « Ce cas est unique. Le fait que l’histoire soit fausse n’est pas contesté » par contre « l’introduction des faits de son histoire au procès (…) pourrait avoir fait une différence significative lors des délibérations du jury ».

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