(Photo: Flickr) La France et l’Europe sont fières de leur Airbus A380 qui a, ou avait, la réputation d’être imperméable à la crise car plus économique au coût par siège pour les compagnies aériennes.
Un bel argument commercial, certes, mais quand les sièges sont vides c’est un bide, répond l’écho.
La semaine dernière, l’agence Bloomberg rapportait que la compagnie aérienne Emirates enregistre une telle perte de passagers entre New York et Dubaï qu’elle va être obligée de remplacer ses A380 par des Boeing 777 de moindre capacité.
Avec son 787 Dreamliner, Boeing a parié sur les segments plus courts et moins coûteux pour le passager, alors qu’Airbus a passé 18 milliards de dollars à développer son Superjumbo de 525 sièges fait pour les voyages lointains. Mais voilà , en pleine crise économique, le voyage lointain ne fait plus recette.
Emirates opère quatre A380 mais pourrait retarder les commandes des 54 options suivantes. La plus grande compagnie européenne, Air France KLM Group, a repoussé deux livraisons et Lufthansa recevra ses deux A380 en 2010 au lieu de 2009. Et pour une fois les délais ne sont pas imposés par Airbus, qui vend ses A380 327 millions de dollars pièce (prix catalogue).
Le Dreamliner de Boeing sera livré dès l’an prochain, après de nombreuses années de retard, mais encore trois ans avant l’A350, dont le développement était secondaire aux yeux d’Airbus qui a tout misé sur l’A380.
Bien malin qui parierait aujourd’hui sur la stratégie la plus payante entre les deux visions de l’avenir des deux grands rivaux de l’aéronautique. S’il est vrai que l’argument d’Airbus peut effectivement faire gagner de l’argent aux compagnies aériennes avec un coût par siège réduit, celles-ci n’ont pas encore trouvé la formule magique pour inciter les consommateurs inquiets pour leur situation et leur avenir dans un monde en pleine récession à vouloir partir en masse à Tahiti ou Aruba. Mais Airbus mise apparemment sur l’ingéniosité des compagnies aériennes pour arriver à mettre en place le bon produit et ainsi remplir les 525 sièges des A380.
Le succès de l’A380, qui vole pour l’instant uniquement sous les couleurs des compagnies Emirates, Qantas et Singapore Airlines, pourrait bien être retardé malgré le besoin réél de remplacer des 747 vieillissants.