Enchères : un collectionneur russe acquiert à prix record un oeuf Fabergé

Nous vous en avions parlé, un riche collectionneur russe l’a fait.

Un oeuf Rothschild Fabergé a été vendu mercredi à Londres pour le prix record de neuf millions de livres (12,5 millions d’euros).

Signe des temps, la précieuse pièce va rentrer en Russie pour être exposé dans un nouveau musée, financé par un groupe de riches collectionneurs.

L’oeuf Rothschild de Fabergé (un oeuf rose incrusté d’une horloge et surmonté d’un coq battant des ailes) a été acquis par le collectionneur russe Alexandre Ivanov, un spécialiste dans le domaine, a annoncé jeudi le quotidien russe Kommersant.

L’oeuf fabriqué un 1902 pour la dynastie bancaire Rothschild appartient désormais au Musée national russe, dirigé par M. Ivanov. Ce musée privé possède une des plus riches collections de créations de Fabergé, annonce le journal.

« Nous connaissions cet oeuf depuis longtemps. Les Rothschild l’avaient exposé une fois à Paris. C’est un des oeufs les plus chers fabriqués par Pierre-Karl Fabergé. Nous le rapporteront et le conserverons en Russie. Notre collection comporte déjà un oeuf de Fabergé en bois de Carélie de 1917 et un oeuf inachevé du Tsarévitch Alexeï. Nous menons actuellement des négociations afin d’acquérir encore un oeuf pascal. Ils pourraient éventuellement être présentés en même temps » a annoncé M. Ivanov dans une interview accordée au journal. « Avec cette acquisition nous disons au monde entier: « En avant la Russie! », a affirmé M. Ivanov.

La maison Fabergé a réalisé une cinquantaine d’oeufs pour la famille impériale russe, une tradition lancée en 1885 par le tsar Alexandre III qui a offert à son épouse, la tsarine Maria Fedorovna un premier oeuf précieux pour Pâques, qui est donc l’objet des tractations actuelles. Une poignée d’acheteurs par téléphone et dans la salle, dont plusieurs Américains, ont aussi tenté d’emporter l’oeuf qui était estimé entre 6 et 9 millions de livres. « C’est fantastique. Il a battu le précédent record de près de deux millions de livres », a déclaré Anthony Philips, directeur des objets d’art russes chez Christie’s. Au vu de la demande des collectionneurs russes qui sont entrés dans l’arène depuis il y a environ 5 ans, « c’est un prix réaliste et normal », a observé Alexis de Tiesenhausen, responsable de l’art russe chez Christie’s.

Selon un représentant de a maison de vente, le précédent record d’une création de Pierre-Karl Fabergé avait été établi en 2002 par Christie’s également, qui avait adjugé l’oeuf d’hiver pour 12 millions de dollars. D’autres salles des ventes prennent également part à la semaine de l’art russe qui a débuté lundi à Londres et se terminera le 30 novembre.

Outre Christie’s, les maisons Sotheby’s, MacDougall’s (exclusivement spécialisé dans l’art russe) et Bonhams participent également à l’opération. Le marché de l’art russe connaît dernièrement une demande croissante. Une collection de peintures russes mise en vente par Sotheby’s a été adjugée hier pour la somme record de 25,7 millions de livres sterling (37 M EUR).

Le magnat russe du pétrole et de l’aluminium Viktor Vekselberg avait acquis en 2004 quinze oeufs Fabergé impériaux auprès de la famille américaine Forbes pour les rapatrier en Russie. Alicher Ousmanov, milliardaire russe des métaux, a racheté quant à lui cette année la collection de peintures Rostropovitch, pour lui offrir également un « retour au pays ».

Derrière les proclamations de patriotisme, ces hommes d’affaires qui se sont souvent enrichis à la faveur des privatisations des années 1990, veulent surtout « acheter leur rédemption » et s’épargner des problèmes avec les autorités russes, explique Chris Zakheim, propriétaire d’une galerie spécialisé dans les antiquités russes. « Ils achètent de l’art, le donnent à un musée russe, et sont pardonnés, c’est un système fantastique », dit-il.