Une manière “comme une autre†de renflouer les caisses de l’Etat ? Peut-être bien … Mais en tout cas, tel n’est pas l’objectif affiché par le projet de rendre désormais possible la mise en vente par les musées de leurs propres oeuvres d’art.
Une première en France depuis un millénaire …
Le débat, en gestation depuis des mois, a toutes les chances d’accoucher dans « la douleur », après l’installation d’une mission officielle à ce sujet cette semaine.
La ministre de la Culture Christine Albanel a annoncé cette semaine dans un communiqué en des termes bien choisis la mise en place d’une mission qui « lance une réflexion sur la possibilité d’aliéner les oeuvres des collections publiques » : ce qui signifie tout de même la possibilité pour les musées de se séparer de leurs oeuvres. La mission a été confiée à Jacques Rigaud, connaisseur du monde des musées et ancien patron de RTL, qui rendra son rapport début 2008.
Dans sa lettre de mission en août dernier, le président de la République, Nicolas Sarkozy, avait demandé à la ministre d’engager cette réflexion « sans compromettre naturellement le patrimoine de la Nation, mais au contraire dans le souci de le valoriser au mieux ». No comment … toujours voir les aspects positifs, me direz-vous..
Brisant tous les tabous construits autour du terme d’aliénabilité, un député UMP, Jean-François Mancel, a récemment déposé une proposition de loi visant à « rendre possible la commercialisation de certaines oeuvres » détenues par les musées français. Déjà , en mars 2006, un rapport sur l’économie de l’immatériel, signé Maurice Lévy et Jean-Pierre Jouyet « posait la question » d’une éventuelle location ou vente des oeuvres.
La loi de 2002 actuellement en vigueur dans ce domaine est claire : « les collections des musées de France sont imprescriptibles » et les biens les constituant « inaliénables« . Le seul bien que l’on puisse vendre est celui que l’on déclasserait, précise la loi, après avis d’une commission scientifique.
En cinq ans, aucun objet n’a encore subi la procédure de déclassement : la direction des musées de France redouterait qu’une telle demande ne débouche sur une braderie des collections. Pourtant de nombreux conservateurs seraient favorables au déclassement et à la vente de quelques pièces, notamment au sein des musées de société.
Le caractère inaliénable du « domaine de la Couronne » et des collections nationales remonte à l’Edit de Moulins de 1566, sous Charles IX. Il ne faisait que « mettre noir sur blanc une jurisprudence remontant à Philippe Le Bel et par delà à la coutume, sous Philippe Auguste », indique le ministère.
Va-t-on donc pouvoir vendre la Joconde ? Ou, plus sérieusement, faire entrer les fluctuations du goût et du marché de l’art dans les réserves des musées, que l’on ferait « respirer« , selon les termes de la ministre ?
“Remettre en question l’inaliénabilité serait catastrophique« , vient d’affirmer au Journal des Arts Jean-Pierre Cuzin, ancien patron du département des peintures au Louvre et adjoint au directeur de l’Institut national d’histoire de l’Art. Un « musée n’est pas une entreprise« , dit-il, se posant par ailleurs « une question de bon sens : ou l’on vend de oeuvres secondaires et l’on obtient peu d’argent, ou l’on vend les pièces majeures, on reçoit beaucoup d’argent mais il n’y a plus de musée« .
Il faut être « modeste, on peut se tromper« , ajoute un conservateur. L' »appréciation des oeuvres et leur prix sur le marché de l’art change tous les dix ans« , dit-il avant d’affirmer que « les musées n’ont vraiment rien en double« .
Pour Thomas Grenon, patron de la Réunion des musées nationaux, si des pièces peuvent être vendues « sans appauvrir les collections, le système nous a permis de traverser des périodes troubles. L’histoire de l’art est pleine de ces retournements qui nous invitent à la prudence », dit-il.
Ironie du sort, une tête maori ornée de tatouages, qui dormait depuis des décennies dans les réserves du Muséum d’histoire naturelle de Rouen a été symboliquement restituée, le 23 octobre, par la ville aux Maori de Nouvelle-Zélande, qui désirent donner une sépulture à ces vestiges de « guerriers morts au combat ».
La ministre de la culture, Christine Albanel, a attaqué cette démarche devant le tribunal administratif au motif que le dessaisissement d’une pièce appartenant à une collection publique doit obéir à une procédure, précisée dans la loi Tasca de 2002, que n’a pas respectée Rouen.
La ville de Rouen répond que la tête maori n’est pas un élément de collection, mais un vestige humain qui relève de la bioéthique et donc échappe à la loi Tasca. Le tribunal administratif n’a pas suivi ce raisonnement.
Sources : AFP, Le Monde
bonjour
Le problème de l’aliénabilité des oeuvres d’art dans les musées fait jaser dans certaines chaumières. S’il est incontestable que les oeuvres sois-disantes mineures doivent circuler et se faire connaître il semble absurde de vouloir vendre le patrimoine français pour le bonheur des marchands d’art. La question est difficile. Aussi a-t-elle fait l’objet d’un débat que vous pouvez écouter sur:
http://audioblog.arteradio.com/AutreRadioAutreCulture/
amicalement
Marion
bonjour
Le problème de l’aliénabilité des oeuvres d’art dans les musées fait jaser dans certaines chaumières. S’il est incontestable que les oeuvres sois-disantes mineures doivent circuler et se faire connaître il semble absurde de vouloir vendre le patrimoine français pour le bonheur des marchands d’art. La question est difficile. Aussi a-t-elle fait l’objet d’un débat que vous pouvez écouter sur:
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