Rassurez-vous : si la situation de Sotheby’s ne semble pas être des plus florissantes actuellement, une telle issue n’est pas à l’ordre du jour.
Mais tout de même …
Le PDG de Sotheby’s Bill Ruprecht a affirmé vendredi que le marché de l’art se portait bien et que son entreprise avait diminué ses pertes par rapport à 2006… ceci, en dépit d’une chute vertigineuse de l’action après des ventes d’art décevantes cette semaine à New York.
Dans un communiqué cité par le Wall Street Journal sur son site, Bill Ruprecht assure que « le marché montre une force considérable depuis le début de la saison d’automne†et qu’il reste de ce fait, confiant pour la fin de l’année ».
Sotheby’s améliore ses pertes nettes de 10 millions de dollars pour le 3ème trimestre 2007 par rapport à la même période en 2006, passant de 30,7 à 20,9 millions de pertes, souligne-t-il. Certes, mais ce sont toujours des pertes …
Le responsable de Sotheby’s réagissait à une chute de 38% de l’action jeudi, après deux soirées de vente mardi et mercredi où les lots ont été vendus pour un total de 269,7 millions de dollars, nettement inférieur aux 355,6 millions attendus par la salle des ventes.
Sur les 76 lots proposés, 20 n’ont pu être adjugés, parmi lesquels « Champs de blé » de Vincent Van Gogh, un paysage peint en 1890 quelques jours avant son suicide, une oeuvre que les experts considérent toutefois comme mineure. Le tableau était estimé entre 28 et 35 millions de dollars et les experts avaient prédit qu’il se vendrait dans cette fourchette ou au dessus.
Nanne Dekking, vice-président chez Wildenstein et spécialiste de l’impressionnisme, avait déclaré cette semaine que si cette oeuvre ne se vendait pas « cela voudrait certainement dire quelque chose concernant le marché« . Sotheby’s avait garanti au vendeur un prix minimum non dévoilé et comme aucune enchère n’a atteint ce prix, la salle de vente en est désormais propriétaire.
Le seul record de cette première semaine de ventes d’automne été atteint par un Matisse, « L’Odalisque, harmonie bleue », qui a été vendu 33,6 millions de dollars, 10 millions au dessus des estimations des experts.
La plus haute enchère a été atteinte par « Te Poipoi (Le Matin) » de Gaugin, adjugé 39.241.000 dollars, commission comprise. Mais cette oeuvre, achetée par Joseph Lau, un collectionneur de Hong Kong, avait été estimée au minimum 40 millions de dollars.
Le seul grand succès de la vente a été un bronze de Picasso « Tête de femme (Dora Maar) », qui a atteint 29,16 millions de dollars, alors que le précédent record pour une sculpture de l’artiste était de 6,7 millions de dollars. Mais plusieurs autres Picasso n’ont pas trouvé preneur, de même qu’un Georges Braque, « Echo », qui avait été estimé 20 millions de dollars.
Répondant aux questions sur le lien éventuel entre la crise des crédits hypothécaires aux Etats-Unis, les ennuis que connaissent certaines banques et entreprises, et les résultats décevants de la première semaine des ventes d’art, M. Ruprecht a souligné que « les enchères, par nature, sont imprévisibles ».
“Je ne pense pas que les marchés financiers nous aient aidés, mais on ne doit pas tout attribuer à cela », poursuit-il. « Quelques-unes de nos estimations étaient trop ambitieuses« , reconnaît Bill Ruprecht, « mais nous nous attendions à vendre le Van Gogh. Trois acheteurs avaient même fait le voyage pour acheter cette toile, mais ils ont changé d’avis pour des raisons que j’ignore », dit-il.
La semaine prochaine est consacrée aux ventes d’art contemporain, avec des artistes comme Andy Warhol, Mark Rothko, Francis Bacon ou Jeff Koons, qui avaient battu des records lors des dernières ventes de printemps.
Sources : AFP, Reuters