Le secteur du luxe encore une fois épinglé. Alors que son manque d’éthique a été récemment critiqué, l’association écologiste World Wild Fund affirme désormais dans un rapport portant sur les dix plus grands groupes de luxe du monde que l’industrie du luxe n’assume pas sa part de responsabilité dans le sauvetage de la planète.
Dans cette étude achevée fin novembre, WWF reproche aux marques de luxe d’être « lentes à reconnaître leurs responsabilités » et leurs possibilités d’action en matière de réchauffement climatique et de commerce éthique, et appelle les célébrités qui aident à vendre ces marques à prendre cette donnée en considération. WWF tente pour cela de jouer sur la corde sensible de la prise de conscience écologique et environnementale des consommateurs, qui pourraient à terme se détourner des groupes qui ne se conforment pas à leurs valeurs. Campagne de boycott en vue ?
« De nombreux consommateurs de luxe appartiennent à une riche élite mondiale qui est de plus en plus cultivée et se préoccupe de plus en plus des questions sociales et environnementales », affirme le rapport. Ils attendent des marques qu’elles « reflètent leurs préoccupations et aspirations à un monde meilleur ».
Le rapport a attribué aux dix plus grands groupes de luxe une note, sur une échelle allant de A (la plus élevée) à F (la plus basse). La meilleure note est un C+ obtenu par le groupe français L’Oréal, suivi de deux autres Français, Hermès et LVMH, également notés C+.
En queue de peloton, le rapport a placé la griffe italienne Tods (chaussures et accessoires en cuir), notée F, précédée par le joaillier italien Bulgari, également noté F. Swatch Group et Richemont obtiennent un «D», pénalisés par le peu d’information qu’ils donnent et … leur passivité face au blanchiment d’argent via les achats de montres de luxe. Au delà de la protection de la planète, les problèmes d’éthique ne semblant pas prioritaires parmi les valeurs véhiculées par le groupe.
WWF précise avoir réalisé ce classement en se fondant sur les données internes des sociétés fournies par les marques elles-mêmes à l’Ethical Investment Research Service (EIEIS), un organisme britannique à but non lucratif, et quelque 500 articles de presse en quatre langues analysés selon une quarantaine de critères par le consultant genevois Covalence. «Les silencieux sont pénalisés», admet néanmoins Antoine Mach, de Covalence.
« Les maisons de luxe doivent faire plus pour justifier leur renom dans un monde de plus en plus inégal et aux ressources de plus en plus limitées« , estime WWF. « Etant donné la puissance mondiale de ses marques, l’industrie du luxe devrait avoir davantage une action de leadership » sur ces questions, ajoute-t-il.
Les groupes de luxe réalisent un chiffre d’affaires global de 178 milliards de francs ils «ont le pouvoir d’influencer le comportement des consommateurs», ce qui représente «une responsabilité», écrit le WWF dans l’étude. Beaucoup se contentent de «philanthropie glamour», poursuit le rapport, citant le soutien d’Omega à Solar Impulse parmi ses exemples.
« Les célébrités qui prêtent leur nom à des campagnes de publicité devraient faire plus attention aux politiques environnementales des griffes qu’elles représentent », estime par ailleurs WWF. Le rapport cite l’exemple de l’actrice Sienna Miller, qui milite contre le réchauffement climatique avec l’organisation Global Cool, mais dans le même temps a prêté son image à Tods, dernier du classement établi par WWF. L’organisation appelle les célébrités à ne prêter leur image qu’à des marques s’étant engagées à mener des politiques socialement et écologiquement responsables.
Le WWF anticipe que certaines célébrités militant pour des causes climatiques seront gênées de vendre leur image à des sociétés mal notées. Les investisseurs aussi privilégieront les sociétés qui accordent leur conduite à leur image. C’est une des raisons «commerciales» pour lesquelles le WWF encourage les marques de luxe à se conformer aux exigences de la Global Reporting Initiative.
Ce qu’a fait Richemont depuis l’été 2007, souligne … la presse suisse, précisant également que « pour Swatch Group, l’étude repose «sur des bases incomplètes» et ignore des initiatives comme le récent partenariat avec le groupe E pour développer des énergies propres de haute technologie. »
Sources : AFP, Letemps.ch