Un ensemble exceptionnel de neuf manuscrits d’André Breton, dont celui du « Manifeste du surréalisme », seront mis en vente le 20 mai chez Sotheby’s à Paris, a indiqué la maison d’enchères.
Provenant de la collection Simone Collinet, première épouse de l’écrivain, l’ensemble sera présenté pour la première fois sur le marché.
Ecrit en 1924, le « Manifeste du surréalisme » est estimé entre 300.000 et 500.000 euros. Il avait été présenté en 2002 au Centre Pompidou, lors de l’exposition « La révolution surréaliste ».
Autre pièce maîtresse : le manuscrit de « Poisson soluble « , la plus grande expérience d’écriture automatique – que certains comparent joliment à du « somnambulisme littéraire » – publiée en 1924 dans le même volume que le Manifeste. Le texte de 59 pages, considéré comme une oeuvre-clé du surréalisme, est estimé entre 200.000 et 300.000 euros.
Selon la chercheuse et universitaire Anne Reverseau, un « texte automatique » surréaliste, écrit réputé sans intervention consciente, est un produit de l’écriture automatique, un « monologue de débit aussi rapide que possible, sur lequel l’esprit critique du sujet ne fasse porter aucun jugement, qui ne s’embarrasse, par suite d’aucune réticence, et qui soit aussi exactement que possible la pensée parlée». Dans le Manifeste du surréalisme de 1924, André Breton va jusqu’à définir le surréalisme par la pratique de l’écriture automatique, comme « dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale».
Sept cahiers d’écolier (estimés entre 20.000 et 30.000 euros selon les cahiers), offerts par l’écrivain à Simone Collinet, seront également mis en vente lors de ces enchères.
La vente sera dirigée par Cyrille Cohen, vice-président de Sotheby’s France, qui avait dirigé la vente « André Breton, 42 rue Fontaine » en 2003.
Né avec le XXè siècle, André Breton traverse la Première Guerre mondiale dans les services de santé de l’armée. C’est alors qu’il entre en correspondance avec Guillaume Apollinaire et rencontre bientôt Louis Aragon et Philippe Soupault avec lesquels il fonde la revue Littérature en 1920. Soutenant d’abord le mouvement Dada de Tristan Tzara, c’est en 1924 qu’il prend sa véritable identité via les Å“uvres dont les manuscrits sont aujourd’hui mis en vente.