Les Premiers grands crus classés de Saint-Emilion estiment « inopportun » d’envisager une « réforme » de la procédure de classement de cette appellation tant que les procédures judiciaires en cours sur ce dossier n’auront pas abouti, a indiqué leur association à la presse.
Pour rappel, le classement des grands crus de Saint-Emilion 2006 a été annulé le 1er juillet par le tribunal administratif de Bordeaux.
Ce dernier a considéré que la commission qui révise ce classement tous les dix ans depuis sa création en 1954 avait « méconnu le principe d’égalité de traitement entre les candidats ». 61 propriétés de l’appellation Saint Emilion avaient été distinguées dans la mouture 2006 du prestigieux classement.
Le Groupement des Premiers grands crus classés de Saint-Emilion est « profondément attristé par la judiciarisation à l’américaine » qui touche désormais le vignoble bordelais, a déclaré le comte Eric d’Aramon, propriétaire du Château Figeac, un des quinze Premiers grands crus classés. L’amendement gouvernemental adopté par le Sénat fin juillet, qui autorise les exploitations ayant bénéficié du classement de 1996 à continuer à s’en prévaloir jusqu’en 2009, est une « rustine », a considéré Eric d’Aramon. « C’est bien pour ceux qui ont été déclassés en 2006 mais les nouveaux promus ne sont pas contents », a-t-il souligné.
L’association espère que la situation va se clarifier au niveau judiciaire d’ici fin octobre. En attendant, certains crus promus se retrouvent face à un casse-tête car une partie de leur production était déjà mise en bouteille chez les négociants avec une étiquette correspondant au classement 2006, invalidé depuis par la justice.
« L’administration américaine nous demande de mettre une contre-étiquette spéciale indiquant le problème. Cela veut dire rouvrir les caisses et réétiqueter », explique Nicolas Thienpont, gérant de Château Pavie-Macquin, passé de Grand cru classé à Premier grand cru classé en 2006.
Dans ma jeunesse, j’avais pourtant appris qu’on ne doit pas secouer le bon vin …