Ceux qui évoluent dans le luxe depuis un certains nombres d’années se souviennent certainement de la lutte d’Alain-Dominique Perrin contre la contrefaçon. Figure emblématique de l’univers du luxe, homme de la renaissance et du développement international de Cartier, ADP, comme le surnomme ses collaborateurs, avait effectivement fait de cette lutte sa croisade au début des années 1980. Une image a d’ailleurs fait le tour du monde : celle de milliers de fausses montres saisies au Mexique, écrasées au rouleau compresseur sur un parking de San Diego en Californie, sous l’objectif des caméras de télévisions.
Près de 30 ans après, qu’en est-il du fléau de la contrefaçon ? Celui-ci a-t-il disparu ? A vrai dire, pas vraiment. Pire même, celui-ci a pris des dimensions immenses, tant géographiques que financières. Ce fléau touche bien sûr encore l’horlogerie, justifiant l’association de la Fondation de la Haute Horlogerie à la Fédération de l’industrie horlogère suisse pour le lancement d’une campagne mondiale anti-contrefaçon. L’objectif ? Sensibiliser le public et les acheteurs aux méfaits de ce fléau mondial.
Destruction de produits contrefaits à Sao Paulo 2007
Mondial disions-nous… En effet, selon les calculs basés sur les saisies douanières, le marché de la piraterie et de la contrefaçon représenterait des montants annuels compris entre 200 et 360 milliards de dollars, soit entre 5% et 7% du commerce international. Pour se convaincre de l’importance de cela, il suffit de penser que le PNB de la Côte d’Ivoire représentait en 2008 l’équivalent de 33 milliards de dollars…
D’un point de vue micro-économique, du moins du point de vue de l’horlogerie suisse, la production de fausses montres suisses serait estimée à plus de 40 millions d’unités par an (par opposition, près de 26 millions de montres suisses originales ont été exportées en 2007) pour un bénéfice net de l’ordre du milliard de dollars. Reporté aux exportations helvétiques du secteur réalisées en 2007, ce marché des fausses montres, dont les marques suisses haut de gamme sont les principales victimes, représente ainsi également une proportion d’environ 6%.
S’attaquer aux producteurs est bien sûr une solution, éduquer le consommateur en est une autre… C’est d’ailleurs le message de la nouvelle campagne de la Fondation de la Haute Horlogerie (FHH), associée pour l’occasion à la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FHS). Le message est simple : « Fake Watches for Fake People ». Il aurait même pu être plus choc en faisant prendre conscience aux acheteurs qu’ils n’étaient pas seulement « fake » mais surtout hors la loi. Espérons néanmoins que ceci permettent aux futurs acheteurs de réfléchir à la conséquence de leurs achats et surtout… d’acheter du vrai!
Allez, Ã la poubelle les faux Vuitton ou Gucci!