Des musées du monde entier viennent d’acquérir les dernières pièces de la garde-robe de Denise Poiret, épouse du couturier français Paul Poiret (1879-1944) dans le cadre d’une vente aux enchères qui s’est tenue à Paris chez Drouot.
Cet illustre personnage est resté dans l’histoire de la mode comme l’homme qui a libéré la femme du corset.
Ces pièces, les dernières encore aux mains de la famille, ont été dispersées jeudi après-midi aux enchères pour 738.222 euros (frais compris).
Les lots ont été acquis par des marchands anglais, français et américains et par des musées des Etats-Unis, du Japon, d’Amérique du Sud et de Russie. Plusieurs pièces ont été achetées par des collectionneurs français et anglais.
La vente comportait environ 120 lots, dont une trentaine de robes, des manteaux, vestes, jupes, des souliers, écharpes, châles…
La plus haute enchère s’est portée sur un manteau en lainage écru rayé de fines bandes brunes, d’inspiration Afrique du Nord. Estimé 1.500 à 2.000 euros, il a été emporté à 97.224 euros. Une robe d’après-midi en damassé violet est partie à 51.043 euros.
Les souliers ont eu du succès, notamment une paire de souliers à talons bottines recouverts de tapisserie (vers 1922) qui a été emportée à 21.875 euros.
C’est vers 1907, à Paris, que Paul Poiret innove en montant ses robes d’inspiration Directoire, à la taille sous les seins, sur une haute ceinture intérieure, un gros-grain légèrement baleiné, qui évite de porter un corset tout en tenant le vêtement en place. Cette innovation fera date. Ce geste abolitionniste (dont Poiret se proclamera après coup le héros) est la traduction dans la mode d’un courant, plus ancien et profond, de contestation du corset.
C’est en prenant sa femme comme “mannequin modèleâ€, que le créateur testera ses premières innovations audaucieuses. Sa femme, qui lui donnera cinq enfants, va devenir bientôt l’une des reines de la mode nouvelle. Paul Poiret avait en effet créé pour sa jeune épouse une garde-robe, reflet des spectacles, des fêtes et des voyages du couple.
En 2005, 600 robes et objets de Denise Poiret avaient été dispersés pour un montant total de 1,888 million d’euros lors d’une vente aux enchères exceptionnelle à Paris. Des musées du monde entier s’étaient déjà arraché les trésors proposés à la vente.
Les vêtements mis en vente jeudi appartenaient à l’un des cinq enfants de Paul et Denise Poiret, Colin, et ont été légués à ses quatre enfants à la mort de leur mère il y a quelques mois.