Mais ou s’arrêteront-ils ? les idées fusent en ce moment : après les dictateurs, tel Saddam Hussein ou Adolf Hitler, c’est autour des révolutionnaires de devenir les « clous » des enchères.
Un ancien agent de la CIA ayant participé à la traque puis à l’exécution du révolutionnaire argentin Ernesto « Che » Guevara va vendre jeudi aux enchères une dizaine de mèches de cheveux de l’icône révolutionnaire. On pouvait s’en douter, cette vente a d’ores et déjà entraîné de nombreuses protestations dans le monde.
La veuve du « Che », Aleida March, 71 ans a notamment exprimé son indignation.
Outre des cheveux récupérés sur le cadavre du révolutionnaire, Gustavo Villoldo compte mettre en vente des photos du corps du « Che » et un jeu d’empreintes digitales. Selon lui, c’est afin de prouver à ses supérieurs qu’il avait bien accompli sa mission, qu’il aurait récupéré des cheveux et pris des empreintes. Gustavo Villoldo, agent de la CIA d’origine cubaine, continue de considérer le « Che » comme un « criminel et un bandit qu’il était nécessaire d’abattre », affirme pour sa part Tom Slater de la Heritage Auction Galleries, situé à Dallas, la maison qui organisera la vente.
Les mains du cadavre avaient été sectionnées, mais Heritage Auction Galleries n’a pas précisé si ces empreintes digitales avaient été obtenues avant ou après l’amputation. La mise à prix de l’ensemble de ces trophées macabres est tout de même de 100.000 dollars !
Capturé le 8 octobre 1967 après 11 mois de guérilla, Che Guevara a été exécuté sommairement par l’armée régulière bolivienne le jour suivant dans le hameau de La Higuera (sud-est de la Bolivie). Sa dépouille a été exposée comme un trophée par les autorités avant d’être enterrée secrètement à Vallegrande. Ses restes, découverts en 1997 suite aux révélations d’un général bolivien, ont été depuis transférés à Cuba.
Le mythe lié à Che Guevara a grandement été développé par la dimension commerciale qu’il revêt. Ironie du sort, l’image de ce chantre de l’anti-capitalisme génère en effet des millions de dollars. T-shirt, montres, casquettes, tasses à café… l’effigie de Che Guevara se retrouve sur tous les supports. En 2003, la banque d’affaires luxembourgeoise Dexia la choisit comme emblème d’une campagne publicitaire avec pour slogan « Combattons les idées reçues ».
L’image du révolutionnaire au béret étoilé a servi à vendre des bières, des glaces et des contrats d’assurance, des vélos et des abonnements à Internet. Certes il n’est pas le seul dans ce cas. Le détournement de figures contestataires – comme Lénine ou Gandhi – correspond à une stratégie publicitaire ancrée.
« En quarante ans, aucune image n’a été autant utilisée, adaptée, manipulée, recyclée, mythifiée ou vidée de tout sens que celle du Che. Tout le monde se l’est appropriée : des militants politiques, des artistes comme Andy Warhol et son pop-art, des journalistes, des créateurs de mode, des marchands en tout genre », expliquait, dans le magazine Vanity Fair, le directeur d’une galerie d’art londonienne. Les défenseurs de la mémoire de Che Guevara regrettent que cette utilisation commerciale affaiblisse son message politique. Mais ils soulignent que cela témoigne aussi de sa popularité et que jamais cette utilisation n’a été voulue par l’intéressé.
Sources : ATS, RFI